Une etonnante omission

En 1933, Ernst Kretschmer abandonne son poste de directeur de la Société Générale de médecine psychothérapeutique pour s’élever contre l’influence nazie qui se manifeste dans cette société. Jung le remplace a ce poste, dirigeant simultanément la Zentralblatt fur Psychotherapie, revue de nette obédience nazie. En 1934, il publie, dans le septieme numéro de cette revue un article intitulé “Zur gegenwortigen Lage der Psychotherapie” ainsi qu’un autre, en collaboration avec Goring, lequel n’a pas été inclus dans les oeuvres completes de Jung entretiendrons dans la présente note, mais de la singuliere omission, dans la traduction francaise de l’article mentionné, qui, sous le titre “La névroseet l’auto-régulation psychologique- Situation de la psychothérapie en 1930”, est parue dans La guérison psyuchologique. Cette traduction difigée et “adaptée” par Roland Cahen se dispense du paragraphe polémique dans lequel Jung pose la question des différences entre “inconscient aryen” et “inconscient juif”. Si nous parcourons entierement la version francaise, original en mail, nous pouvons découvrir –non sans étonnement- la censure d’un texte supprimé, dans la traduction francaise, comme inconvenant.

Dans le paragraphe en question, Jung établit une différence raciale entre les inconscients, l’aryen se situant en haut de la hiérarchie compte tenu d’un potentiel plus grands. Taxant la pensée freudienne de “catégories juives”, Jung essaie de se débarrasser de son ancien adversaire en se ralliant a l’idéologie dominante. Cette discrimination catégorielle lui permettra de mettre en question la validité des memes chez les chrétiens allemands et slaves et d’insister sur la nécessité de trouver une “Psychologie médicale” qui leur soit propre.

Le texte francais se poursuit d’une maniere moins compromettante jusqu’a sa fin.

Devrons-nous rappeler les remarques bien connues de Freud, présentes dans sa correspondance avec Jung, concernant ses “petites” concessions par lesquelles il prétendait éluder les résistances de son auditore? En conséquence, comment deviner jusqu’ou Jung serait conduit par ses innovations désinvoltes qui impliquaient le dépassement d’une psychanalyse périmée?

La lacune de la traduction est homologue a celle présente dans les mémoires de Jung, ou la période nazie est effacée de ses souvenirs. Mais ces coupures du texte renvoient a la manquée du traducteur pour que le lecteur ne découvre pas l’ “adaption” de la pensée jungienne au régime nazi.

* Publicado en La Lettre Mensuelle 54, 1986, París.